Le coup de feu résonna dans le parc plongé dans la nuit noire et se répercuta en de nombreux échos, pourtant, Jimmy savait pertinament que les flics, si tenter qu'ils aient été prévenu par un quelconque badaud, rappliqueraient avec un train de retard comme d'habitude. Il baissa le canon de son 9mm qui fumait encore de quelques restants de poudre et le laissa tomber contre sa cuisse, sentant le bout de l'arme encore chaude frôler son pantalon.
Il fixait le cadavre de l'homme qu'il venait d'abattre étendu sur la pelouse du parc, sans aucune expression sur le visage. Le temps pour lui s'était arrêté pour quelques instants et il savourait sa victoire dans une satisfaction malsaine. Voilà de quoi marquer son retour dans la grande ville de San Francisco. Il n'avait pas eu l'intention de revoir Jack, un petit escroc de seconde zone qu'il connaissait depuis de nombreuses années. Il n'avait pas plus prémédité son acte, mais les choses avaient tourné en sa faveur et Jimmy n'était pas le genre d'homme à se laisser rouler et à se faire marcher sur les pieds, encore moins par un détritus comme l'était l'homme allongé à ses pieds, les yeux encore ouverts dans l'expression de surprise et de peur qu'il avait eu à la vision du canon pointé entre ses deux yeux.
Jack avait voulu jouer au plus malin et avait tenté non sans peine de rouler Jimmy, un des plus grands arnaqueurs qu'il ai rencontré. Malheureusement pour lui, l'arnaqueur arnaqué n'était pas réellement l'image que l'on pouvait collé comme une étiquette sur le dos de Jimmy Rowell. Et il en avait fait les frais cette nuit...
Lorsqu'il avait appris que Jimmy était revenu en ville, il avait tenté de faire profil bas avant de pouvoir quitter la ville, mais son assassin n'étant pas du genre à remettre au lendemain les affaires urgentes en cours, il s'était retrouvé quelques heures à peine après son arrivée en ville avec une balle entre les deux yeux.
Jimmy jeta un dernier coup d'oeil au pauvre Jack et rangea son arme avant de faire demi-tour d'un pas régulier mais rapide, car même si les flics n'étaient pas du genre à être sur les lieux en moins de cinq minutes, mieux valait ne pas prendre de risques inutiles, surtout pour son premier soir à San Francisco.
Il s'était alors dirigé vers le petit parking adjaccent au parc et était monté dans sa voiture, une vieille Impala au moteur vrombissant qu'il affectionnait tout particulièrement. Il avait tout mis en ordre avant de passer le frontière de l'Etat et un petit appartement en duplex loué sous une fausse identité l'attendait sur la "Golden Gate Avenue". Un appartement qui donnait vue sur le célèbre pont du même nom et la Bay de San Francisco.
Il fit le voyage d'une traite, d'une allure normale pour ne pas attirer l'attention sur lui, les yeux commençant à le piquer atrocement. Il avait tenu à faire tout le trajet depuis Seattle en voiture et il commençait à sentir la fatigue le peser. Après un court moment au volant qui lui parut une éternité, il arriva enfin à sa nouvelle adresse, et après avoir garé sa voiture au parking, il descendit, prenant son seul sac de voyage et prit la direction de son appartement. Il avait demandé un immeuble dans les étages et le propriétaire lui en avait proposé un au septième, assez haut pour avoir une vue magnifique sur toute la Bay.
Il ne fut pas mécontent d'arriver enfin devant la porte de son nouveau chez lui, ayant dû grimper tous les étages à pieds, l'ascenseur étant en panne. C'était bien sa veine pour son premier soir. Il entra sans faire plus attention que ça aux meubles encore recouverts de draps blancs et aux nombreux cartons que les déménageurs avaient entassé un peu partout et alla directement à l'étage de son appartement, là où un matelas était posé à même le sol. Il n'avait pas le courage de se mettre à bricoler à cette heure tardive pour monter son lit et il trouva que le matelas ferait très bien l'affaire pour une nuit.
Il posa alors son sac de voyage dans un coin de la petite pièce et retira sa veste de costume ainsi que sa cravatte, posant au sol l'arme avec laquelle il venait d'abbattre son ancien ami froidement quelques instants plus tôt.
Puis il s'allongea tout habillé sur le matelas et ferma les yeux dans un grognement de plaisir et de satisfaction. Ce qui était bien avec un manque de conscience absolu, c'était qu'on ne faisait jamais de cauchemards.....