Au calme pour jouer [PV Cash]

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Il était environ 14h, Charline avait passé la matinée à passer des coups de fils dans les maisons de disques, cherchant à savoir comment contacter les producteurs. Elle avait aussi composée une mélodie assez triste pour une fois, certainement parce que son moral n’était pas au beau fixe c’est derniers jours. Cette matinée enfermée dans son appartement avait réellement fatiguée Charline, elle avait maintenant besoin de prendre l’air, de souffler un peu, bref de se détendre. Après avoir déjeuner et reprit une bonne douche bien fraîche, Charline enfila un pantacourt et un débardeur noir tout simple. Elle embarqua de l’eau, des cigarettes et sa guitare acoustique … sa guitare fétiche dont elle ne se séparait jamais. Elle décida de ne pas prendre la voiture, elle préférait marcher et prendre le métro.

Il faisait beau et chaud … où aller ? Après avoir quitté son immeuble, Charline décida de se rendre au parc qui si situait à « Golden Gate Avenue », le quartier que Ryley lui avait fait découvrir une semaine plus tôt. Elle prit le métro, connaissait maintenant le chemin par cœur, et sortie même à la bonne station. Elle commençait à s’y faire et s’y retrouvait presque aussi facilement qu’à Paris. Bref, elle arriva au parc qui était assez blindé de monde, sa guitare soigneusement rangée dans son étui, tenant sur son dos. Elle s’avançait dans les allées, sa bouteille d’eau à la main, puis elle décida de s’enfoncer un peu entre les arbres et elle quitta donc les chemins en gravier.

Après quelques minutes de marches, un peu éloigner du monde, elle s’installa contre un arbre, à l’ombre. Elle déposa l’étui de sa guitare à terre et enleva ensuite ses baskets pour se sentir plus à l’aise, ses pieds nus venant se poser sur l’herbe fraîche grâce à l’ombre. Elle sortit ensuite sa guitare de son étui et l’accrocha autour d’elle. Installée bien confortablement sur l’herbe et contre ce gros chêne, Charline commença à faire résonner quelques notes au hasard, ne cherchant pas à jouer quelque chose de précis. Elle laissait juste ses doigts se balader sur les cordes … une douce mélodie s’échappait pour se perdre dans la nature … Charline se sentait déjà beaucoup plus calme.

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Droite ... Gauche ... Dérapage ... Sautage de banc ... Cash courrait comme seul quelqu'un qui à les flics aux trousses sait le faire. Mais aucune peur, aucune angoisse ne perçait sur son visage joueur et juvénile. Il rirait même, un rire qui le faisait s'essouffler plus vite que prévu.
Il passa l'entrée du parc de Golden Gate Avenue en glissant sur les graviers qui bordaient les chemins ouvragés réservés aux visiteurs. Pour ne pas tomber il tendit les mains en avant et s'érafla la peau sensible qui les constituait mais pas le temps de s'arrêter, il entendait déjà les pas des 3 agents qui le rattrapaient.
Son jean trop grand pour lui descendait à chaque enjambée, laissant apercevoir un caleçon aux motifs de dessin animés.
Les enfants riaient en le voyant passer et il leur rendait leurs sourires mais les mères avaient vite fait de ramener à elles leurs chers bambins.

Il faut dire que Cash n'avait pas la tête du parfait baby-sitter ... Ses cheveux ébouriffés étaient aussi noirs que le maquillage qu'il avait sous les yeux, ses vêtements portaient la marque de la rébellion et de la rock attitude et sa façon de sourire comme un gamin le jour de noël rendait le personnage assez intriguant, surtout que - maintenant - les flics avaient eux aussi fait leur entrée dans le Parc.

Soudain, Cash vira sur la droite et s'en fonça dans les arbres pour semer la flicaille. Les branches basses lui battaient les jambes mais il n'y prenait pas garde, il cherchait une idée pour ridiculiser les représentant de l'autorité qu'il haïssait tant.
L'idée il la trouva quand il passa dans une tache de lumière. Levant le nez il vit que le soleil perçait au travers des branches des arbres, c'est là qu'il devait se cacher, en haut d'un arbre. De là il pourrait se moquer à son aise en voyant les flics tourner en rond comme des chiens à l'affût.

Alors il grimpa au premier tronc venu. Sa jeunesse était un avantage incontestable pour les acrobaties en tout genre et au bout de quelques secondes il était déjà perché sur la plus haute branche. Là, il fit le funambule et sauta d'arbre en arbre en profitant que les ramures se touchaient les unes les autres.
Quand les flics arrivèrent il s'immobilisa pour ne plus faire craquer les branches. Le regard fixer vers le bas il remarqua alors une chose à laquelle il n'avait pas prêtait attention dans sa précipitation pour grimper.
Une fille se trouvait là, juste contre le tronc de son arbre. Elle ne l'avait peut-être pas vu car il avait grimpait plus loin avant de se glissait jusqu'à cette branche ci mais les flics ne manqueraient pas de lui poser la question s'il la croisaient.

Avant qu'ils n'arrivent à sa hauteur, Cash se positionna en cochon pendu et chuchota à l'adresse de la musicienne.

- Psss ? PSSSS ? HEY ! Chuuuuuuuuut, j'suis pas là.

La tête en bas, la capuche de son sweet qui lui revenait sur les cheveux à cause de la gravité, il la regardait en posant un doigt sur ses lèvres.

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Comme toujours lorsqu’elle jouait, Charline était dans son monde, dans sa bulle, oubliant ou plutôt zappant tout ce qui se trouvait autour d’elle, les gens, les bruits … Ses doigts parcouraient toujours sa guitare, sans savoir quelle serait la prochaine note … du pur hasard qui sonnait bien, même très bien. Elle se mit à fredonner, doucement puis soudain elle sursauta en entendant quelqu’un qui s’adressait à elle … Mais d’où venait cette voix ?
Charline releva la tête et la elle aperçu un jeune homme, pendant la tête en bas à une branche, le doigt sur la bouche, lui disant qu’il n’était pas là. Charline fronça les sourcils, ne comprenant rien à ce qui se passait. Mais des bruits d’agitation arrivaient vers elle et très vite elle comprit … des policiers arrivèrent, cherchant désespérément celui qui se trouvait juste au dessus d’elle. Un agent s’approcha d’elle et lui adressa immédiatement la parole … de façon pas très polie en plus :

Vous n'avez pas vu un homme blanc d'une vingtaine d'années avec un sweat à capuche, un jeans, un look de rockeur drogué, tout maquillé ?

Charline fit mine de réfléchir puis elle répondit :

Euh nan j’ai pas vu ça à moins qu'il se soit planqué dans ma poche et puis franchement il doit pas ce cacher ici … si vous le cherchez allez dans la foule, c’est plus facile de s’y planquer …

Les agents ne prirent même pas la peine de remercier Charline qui leur fit un beau doigt d’honneur une fois qu’ils furent partit, et elle ajouta :

Bande de cons …

Une fois qu’ils fut hors de vu, la jeune femme recommença à jouer de la guitare et sans lever la tête elle dit, en s’adressant bien évidemment à ce jeune homme perché dans l’arbre :

Tu peux descendre ils ne reviendront pas … J’espère que ça en vaux la peine … dis moi que je viens de planquer un grand criminel, ça serait franchement sympa.

Elle souriait, amusé par la situation, revoyant surtout le visage de ce jeune homme aux allures de rockeur, la tête à l’envers, sa capuche retombant sur sa tête … il n’avait pas l’air bien méchant en plus … enfin les apparences sont parfois trompeuses mais bon.

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Simplement soutenu par ses jambes pliées autour de la branche, Cash sentait le sang lui monter à la tête mais il ne tenta pas de se remettre droit. La scène, vue à l'envers, paraissait encore plus amusante. Et cet agent de police aussi épais qu'une crème pâtissière, quel crétin, il n'aurait même pas eu le bon sens de regarder vers le haut alors qu'il était évident qu'avec le nombre d'arbre qu'il y avait, un fugitif aurait forcément pensé à s'y cacher ...

Quand l'agent interpella la jeune femme assise au pied de l'arbre d'un ton grossier, Cash n'eut pas peur qu'elle le dénonce, pas avec cette façon qu'il avait eu de lui poser la question sans même un bonjour ou un "excusez moi " ...
Il du tenir ses lèvres étroitement closes pour ne pas rire à la description assez brouillon que faisait l'agent. Un rockeur drogué de 20 ans ... Cash se demanda comment quelqu'un d'aussi obtus trouvait encore bon de préciser tout ca en même temps, généralement les types dans le genre de cet agent avaient tendance à faire l'amalgame entre jeune, drogué et vermine ...

La jeune femme n'offrit aux flics qu'une aide très limite, au grand bonheur de Cash qui avait une vue imprenable sur l'air énervé du vilain pas beau représentant des forces de l'ordre. Comme si sa journée allait être plombée par un petit con qui grimpe aux arbres ... Non mais vraiment faut apprendre à relativiser là !
Enfin, ils s'éloignèrent, visiblement déçus et accompagnés dans leur retraite par un majestueux doigt d'honneur en provenance de la musicienne qui les qualifia même de cons pour la forme.

Une fois qu'il se fut assuré que la flicaille avait foutue le camps, il lâcha une jambe, remplaça celle qui restait accroché par une main et se laissa pendre à bout de bras dans le vide, ses pieds étaient juste au dessus de la jeune femme qui le priait d'être un grand criminel histoire qu'elle n'ait pas menti pour rien.
Cash soupira et lâcha prise pour atterrir mollement sur les feuilles mortes étalées au sol, juste en face de la jeune femme.

- Bah non tu vois, les criminels c'est plus c'que c'était !

Il se laissa tomber à la renverse dans un tas de feuille et s'allongea de tout son long en souriant au ciel bleu qui les recouvrait.

- Tu t'rends compte, j'ai tous les tors, quel drame d'être un jeune mal habillé de nos jours ^^

On sentait nettement que ses sarcasmes n'avaient rien de rancunier, il se moquait gentiment de cette vision caricaturale qu'avaient les flics du grand méchant loup. Bon d'accord, il les avait un peu cherché, bloquer la circulation pour montrer ses fesses aux passant n'était pas spécialement toléré par la loi mais bordel ce que ca pouvait faire du bien.

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Tout en continuant à laisser ses doigts vagabonder sur les cordes de sa guitare, Charline souriait, amusée par la scène qui venait de se passer ici. Les flics n’étaient franchement pas doués, ils auraient pu, en regardant bien, voir que le jeune homme était perché sur cet arbre, entrain de se foutre royalement d’eux. Mais bon heureusement pour lui ils n’étaient pas très malins et Charline ne l’avait pas balancé. Pourquoi le faire ? Il n’avait rien fait de mal à Charline non ? Après quelques secondes, le jeune homme se retrouva à terre, face à Charline et elle leva les yeux pour l’observer … Oh mon dieu il avait … un look de rockeur … quelle misère, certainement un grand criminel ! Cette pensée fit sourire Charline, sourire qui s’accentua lorsque le jeune inconnu lui annonça que les criminels ne sont plus ce qu’ils étaient.

Il se laissa tomber à terre en souriant comme un gamin, se remettant à parler, se moquant des policiers aussi … oh ben oui un jeune mal habillé c’est un drame, un crime cotre l’humanité même. Charline continuait à jouer sans s’en rendre compte. Puis au bout de quelques secondes elle stoppa ses doigts, laissant les cordes finir de trembler toute seules. Elle observait ce jeune homme d’un air amusé. Il avait ce qu’on appelle « une bonne bouille » une tête sympa qui ne lui faisait pas peur. Après quelques secondes d’observation, elle prit la parole :

Nan mais c’est clair que t’as une tête de truand hein, limite je devrais m’enfuir en courant … mais c’est con cet arbre est confortable j’ai pas envie de bouger.

Charline décrocha sa guitare pour la poser dans son étui qu’elle ne prit pas la peine de refermer. Elle savait qu’elle allait certainement encore jouer un peu, donc pas la peine de tout remballer. Elle tourna à nouveau la tête vers le jeune inconnu puis reprit la parole :

Moi c’est Charline, et toi jeune délinquant aux allures de drogué ?

Bien sur elle venait de dire cela en plaisantant, elle ne le jugeait pas, de toute façon elle se moquait même de ce qu’il avait bien pu faire. Cela ne devait pas être extrêmement grave. Tant qu’il n’y avait pas mort d’hommes hein …

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Bercé par les note hasardeuses que prodiguait la jeune femme, Cash releva les bras derrière la tête pour s’en faire un coussin, les feuilles n’étaient pas assez épaisses pour soutenir sa tête.
Quand une note plus longue et plus raisonnante que les autres marqua la fin de la mélodie improvisée, Cash tourna la tête vers la jeune femme et pu constater qu’elle souriait. Sans doute devait-elle être amusée par la situation, il y avait de quoi pensa-t-il, jamais un flic n’avait paru aussi idiot …

Avec un sourire radieux il constata qu’elle rentrait dans la plaisanterie … Les apparences, ses vêtements trop « jeunes » et tout le reste, elle semblait en rire autant que lui.

- Hein ça ! Un vrai hooligan ! La terreur des p’tites vieilles … Tu risques ta vie en restant là ^^

Il s’ébouriffa les cheveux plus que nécessaire, c’était une habitude chez lui d’avoir l’air négligé pour heurter les conventions vestimentaires.
La jeune femme rangeait sa guitare, était-ce lui qui l’avait dérangé dans sa concentration ? Il s’en serait un minimum voulu si tel était le cas car lui-même n’aimait pas trop qu’on le dérange quand il grattait mais le sourire qu’elle lui offrit atténua les doutes qu’il pouvait avoir, de toute évidence elle voulait engager la conversation. Tant mieux, Cash avait tendance à être bavard et une petite discussion improviser en pleine fuite n’était pas pour lui déplaire, histoire de rajouter encore plus de désinvolture dans sa façon d’être avec l’autorité.

- Charline ? Moi c’est Cash, merci du coup d’main

Il se redressa pour se poser sur un coude histoire de faire face à la jeune femme.

- Tu joues ?

Il regarda l’instrument tranquillement posé dans son étui, peut-être venait-il de rencontrer une autre passionnée de musique ?

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Ce jeune homme semblait vraiment sympathique, le genre de personne qui aime déplaire et choquer, comme le faisait les amis rockeur de Charline en France, ceux avec qui elle était partie sur les routes, ceux avec qui elle avait fait les quatre cent coups. Elle s’était bien calmée depuis même si en fait son côté « fofolle » ressortait de temps en temps, mais moins souvent que son côté lunatique qui pouvait la rendre détestable. Enfin là, ce côté d’elle n’était pas prêt de sortir.
Le jeune homme jouait d’ailleurs de sont look, se définissant comme un hooligan ce qui fit rire Charline et qui bien sur ne lui fit absolument pas peur bien au contraire, il n’avait franchement pas l’air méchant.
Après avoir déposé sa guitare dans son étui, et après s’être présentée, le jeune homme se redressa un peu, se retrouvant appuyé sur un coude, face à Charline. Il se présenta à son tour, s’appellant Cash, et la remercia du coup de main. Charline se mit à sourire et lui dit simplement :

De rien, ce fût un plaisir d’aider un dangereux criminel.

Il jeta ensuite un coup d’œil à la guitare de Charline, lui demanda si elle jouait. La jeune femme fit parcourir ses doigts sur sa guitare, glissant sur la surface lisse et brillante de celle-ci. Elle tourna ensuite la tête, posant son regard sur Cash puis elle répondit :

Oui je joue entre autre de la guitare, c’est mon instrument préféré, ensuite viennent le piano et la batterie. Et je chante aussi. J’espère que San Francisco me portera plus de chance que Paris pour percer dans la musique.

Une petite lueur était apparue dans le regard de Charline. Lorsqu’elle parlait musique, son regard pétillait. La musique s’était sa vie, depuis toute petite déjà et elle avait eu la chance de suivre une scolarité portant sur la musique. Bref elle ne vivait que pour ça, et lorsqu’elle en parlait ça se voyait. Charline, qui s’était mise en tailleur pour jouer, allongea ses jambes, ses pieds nus venant frotter l’herbe fraîche qui se trouvait à l’ombre du gros chêne.
Elle enchaîna rapidement en disant :

Et toi ? Tu joues un peu ?

Elle adorait rencontrer des musiciens, des chanteurs, bref des passionnés comme elle. Elle pouvait parler musique pendant des heures entières sans s’en laisser. Alors avec un peu de chance, Cash était lui aussi un artiste.

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Dangereux criminel, le terme arracha une exclamation de joie à Cash tira la langue à Charline comme pour accentuer le coté décalé de la remarque, oh oui, c'est vrai qu'il méritait la mort ^^.
Toujours souriant, elle fit sonner sa guitare en effleurant les cordes du bout des doigts, Cash eut tout de suite la réponse à sa question, avant même qu'elle ne réponde, les étoiles qui naquirent dans les yeux de la jeune femme voulaient tout dire.

Dans les mots qui suivirent il n'eut que confirmation, elle aussi était musicienne. Et chanteuse en plus de ça, ca avait l'air d'être une vraie vocation pour elle qui cherchait apparemment à percer dans le milieu. Bien sûr lui aussi jouait, mais seulement de la guitare et de la basse, il ne chantait qu'entre amis, pour le fun d'enregistrer des morceaux créés tous ensemble et dont ils pourraient se moquer dans quelques années en se souvenant de leurs vieux rêves de gloire ... Mais il ne vivait pas que par la musique contrairement à ce que laissait paraître la jeune femme.

Pour un plus grand confort, il cessa de s'appuyer sur son coude et se leva pour aller s'assoire à côté de Charline, contre le tronc d'arbre qui offrait un meilleur support.

- Moi j'fais que d'la guitare ... Et j'suis jamais allé à Paris ... Je peux ?

Il tendait déjà la main vers l'instrument, une envie soudaine de jouer le prit en parlant de musique.
Sa main se referma sur la guitare qu'il ramena contre lui avant de se remettre un peu plus droit. Il entama une mélodie de sa composition, pas vraiment douce, pas vraiment rock, un morceau qu'il avait pendu dans l'espoir d'arriver un jour à y coller des paroles sarcastiques sur la société et ses règles. Le genre de musique qui plairait à toute une génération de jeunes comme lui mais cela seulement s'il se motivait à vouloir la jouer en publique.
Tête penchée sur l'instrument, il fredonna quelques seconde puis regarda en direction de Charline avec un soupire complice.

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Charline sentait que Cash était aussi musicien. Il n’était pas forcément aussi à fond qu’elle, il faut dire que beaucoup de gens jouaient de la musique, mais il n’y en avait pas des millions qui cherchaient, comme Charline à faire une vraie carrière musicale. Mais elle s’était son rêve, la petite française venue aux USA pour percer, comme l’avait fait sa mère américaine avant elle, dans cette même ville. Cash était le genre de jeune homme que Charline appréciait beaucoup, un peu fou, un peu rebelle, rock’n’roll, bref une mentalité qui lui plaisait beaucoup. C’est en général avec ce genre de personne qu’elle arrivait le mieux à s’épanouir et à s’amuser.

Elle lui avait retourné la question, lui demandant sil jouait lui aussi. Cash se redressa et vint s’asseoir à ses côtés contre l’arbre. Il luit dit alors qu’il jouait lui aussi de la guitare et sa main se pencha vers la guitare de Charline, lui demandant s’il pouvait jouer.

Bien sur fait comme chez toi.

Pourquoi refusé à un musicien de jouer ? Cash attrapa la guitare de Charline, sa guitare, celle qui avait appartenue à sa mère et dont elle ne se séparait jamais. En plus elle ne la prêtait que très rarement … mais c’était la première fois ici qu’elle rencontrait un musicien, elle ne pouvait pas lui refuser ça. Charline observait le jeune homme qui se mit à gratter les cordes, une mélodie très intéressant s’en échappa. Quelque chose qu’elle ne connaissait pas et qui sortait sûrement de l’imagination du musicien … mais c’était un air franchement sympathique. Il se mit également à fredonner un peu, regardant ensuite Charline. Elle ne pu s’empêcher de lui sourire, s’était vraiment agréable de l’entendre jouer ainsi, il s’y prenait bien.

Tu joues super bien, j’adore cet air. Ca fait longtemps que tu joues ? Tu as un groupe ici ?

Ah ben oui Charline était du genre curieuse, à poser pleins de questions. Mais bon, la musique la rendait encore plus bavarde, mais normalement, deux personnes passionnées ne pouvaient que s’entendre en parlant musique non ?
Charline, qui était vraiment très posée, sortit son paquet de cigarette, vilaine manie, puis s’en alluma une. Elle déposa son paquet entre elle et Cash, l’invitant ainsi s’il le voulait à s’en allumer une.

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Quand il vit Charline lui sourire une fois qu'il eut joué la dernière note, Cash se sentit comme euphorique, il trouvait rarement des gens pour parler musique avec lui. Soit on changeait de sujet de conversation en imaginant qu'il était buter dans ses idées anarchistes recrachées par des groupes sauvages et hystériques, soit on ne s'intéressait pas à la passion qu'il mettait dans ses propos, en claire il se sentait parfois incompris et c'était bien le seul point sur lequel il regrettait d'être différent des autres, ne pas pouvoir partager une passion pouvait s'avérer frustrant.

Il attrapa délicatement la guitare par le manche et la replaça dans son étui pour pouvoir ensuite s'affaler un peu plus sur le tronc alors que Charline avait les yeux pétillants.

- Bah, super bien j'sais pas, on va dire que j'me débrouille ... Ca fait un bout d'temps que j'm'y suis mit, j'me souviens même plus en fait ... Et pour le groupe bof, c'est plus des réunions entre potes que des répét' qu'on s'fait alors on peut pas appeler ca un groupe ...

C'est vrai que souvent ils abîmaient plus leurs instruments en faisant les cons parce qu'ils étaient bourrés plutôt qu'en s'usant à la tache pour parfaire leur vocation.

Charline trifouilla à la recherche de son paquet de cigarette et l'invita à en prendre une. Il la remercia d'un signe de tête mais préféra plonger la main dans son sweat pour en retirer une petite boite caractéristique des jeunes de son age. Dedans, un pétard pré roulé, bon à l’emploi. Cash attrapa son briquet, alluma la Buzz et calla sa tête contre le tronc d'arbre pour expirer en fermant les yeux.

- Et toi ? Ca fait longtemps que tu joues ? D'la guitare j'veux dire ... T'es v'nue ici avec ton groupe ? En solo ? ... T'as d'ja passé des auditions on une merde dans l'genre ?

Le côté anarchiste qui revenait, stimulé par la ganja, il n'aimait le système des casting et autres compétitions qui faisaient passer les gens pour des numéros.

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Charline trouvait cet endroit très agréable, et du coup elle était bien contente que ce « grand criminel » se soit réfugié dans l’arbre contre lequel elle était adossée. Ce jeune homme aimait la musique et donc Charline aimait parler avec lui, c’était rare de trouver quelqu’un qui partageait cette passion. Il venait de finir de jouer, reposant la guitare délicatement dans l’étui et il répondit aux questions que Charline lui avait pausé. Cela faisait un bout de temps qu’il jouait, ça se remarquait de toute façon, il jouait avec beaucoup d’aisance et de facilité. Quand au groupe … elle voyait de quoi il voulait parler, elle avait connu des groupes du style improvisé dans des garages, à faire des répèt’ entre des verres d’alcools, voir avec de la drogue. Le genre de répèt’ qui serre plus à s’éclater qu’à réellement jouer.

Charline venait donc de s’allumer une cigarette, invitation Cash à se servir dans son paquet. Il la remercia d’un signe de tête et sortit son paquet dans lequel se trouvait un joint soigneusement roulé … Ca faisait longtemps qu’elle n’avait pas fumé de joint, non pas que cela lui manquait, mais à une époque elle en fumait régulièrement avec les membres de son ancien groupe, avec son ancien petit ami … En bref, elle souria un peu puis elle tira une bouffée sur sa cigarette, recrachant doucement la fumée, la tête appuyée contre le tronc du gros chêne.
Cash reprit la parole en lui posant quelques questions. Elle ne pu s’empêcher de rire à la dernière lorsqu’il parla des auditions. Elle sentait bien qu’il n’aimait pas ce genre de système, elle n’aimait pas ça elle non plus. Après avoir tiré une nouvelle taffe, Charline répondit :

La guitare …j’ai commencé toute gamine, je devais avoir moins de 10 ans je crois. Ma mère est chanteuse/musicienne, elle m’a beaucoup apprit. Et a l'école j'ai apprit le piano et la batterie. J’avais un groupe, on faisait le tour de la France ensemble, mais j’en ai eu marre … histoire de cœur … Alors j’ai quitté la France et je suis venue m’installer ici toute seule comme une grande.

Charline ne pu s’empêcher de sourire en repensant à la tête d’Alex son ex, lorsqu’elle lui annonça à lui et au groupe qu’elle les quittait. Enfin bon, après une nouvelle taffe elle reprit :

Puis les castings c’est pas mon truc, j’suis pas formatée, pas envie d’entrer dans un moule de fille sage ou rebelle, dandinant du cul pour les beaux yeux d’abrutis. J’vais démarcher les maison de prod’, mais hors de question d’intégrer un groupe ou de changer mon style, je suis comme je suis, avec ma musique … Et puis si je perce pas tant pis, j’aurai essayé au moins.

Charline s’avait très bien que le monde de la musique était cruel et difficile à pénétrer, mais elle s’accrochait et voulait y arriver. En tout cas elle ferait tout pour y arriver.

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Doucement, Cash se laissait enivrer par la dogue qui commençait à faire effet petit à petit. La voix de Charline le berçait sans qu'il ne décroche totalement de la conversation, il restait juste assez intéressé pour comprendre et répondre mais rien d'autre n'aurait pu attirer son attention maintenant qu'il s'envolait peu à peu.

Des images de gamine assise sur le banc d'un piano lui vinrent à l'esprit, il s'imaginait une Charline avec 10 ans de moins dont les pieds ne touchaient pas le sol alors qu'elle tapotait les touches de l'instrument. Ca devait être bien une mère musicienne ... Une mère tout court en fait ... Cash se mit à rêvasser avant de revenir sur Terre quand le ton de la française changea.
Pas formatée, avec son style ... Ca fit rire Cash, un rire amplifié par la drogue.

Il se leva en hésitant pour ne pas perdre l'équilibre et se plaça devant elle toujours avec son pétard à la main. Là, une main sur le coeur, il se mit à hurler.

- ET ON VOUS EMMERDE ! LALALALALALAAAAAALALALALALAAH !

Emporté par un élan de rébellion indécente, il se mit à sauter sur place, passant d'un calme plat à un pétage de plomb peu commun.

- Etre beau ! Avoir de l'argent ! Chanter comme ceci ! Ecouter cela ! Penser comme ci ! Parler comme ca ! OUI MESDAMES ET MESSIEURS, ON VOUS FORMATE ! REAGISSEZ ! FAITES COMME CHARLINE ! YOOOOOUHOUUUUUU !

Ils avaient beau être à l'écart du centre du parc, Cash hurlait si fort et partait tellement loin dans son délire que des gens avaient du les entendre et il ne semblait pas vouloir arrêter de sauter dans tous les sens, il en était même à se pendre aux branches basses en mimant les signes.

- Des macaques, on fait de vous des macaques !!!!

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