Petit déjeuner matinal sur le vieux môle (Cleo)

Jim marchait d’un pas rapide, sous un petit crachin matinal, qui semblait ne pas vouloir s’arrêter. Comme tous les matins depuis quelques semaines déjà, il s’était réveillé seul dans son lit.

C’était quelque chose qu’il détestait, il aimait paresser entre les draps, au besoin faire un petit câlin matinal avant de prendre un solide petit déjeuner. La solitude lui ôtait l’envie et surtout la possibilité de se livrer à de si constructives activités.

Ce matin pourtant il avait fait un effort, il s’était levé rapidement, et avait négligé sa gym habituelle pour enfiler un vieux pull et un jeans avant de se précipiter vers une boulangerie Française dont il n’avait jamais compris pourquoi son propriétaire l’avait installée dans un endroit aussi pourri que celui de Lombard Way juste à côté du port.

Il y avait pris tout le nécessaire pour petit-déjeuner sur le port, il avait repéré un coin sympa, un vieux môle presque en ruine, face à la mer …
Il se demanda si l’averse n’allait pas compromettre son projet, et shoota rageur dans une vieille boite de conserve vide qui se rouillait sur le quai …
A cette heure matinale, les rebonds de l’objet firent résonner de sombres échos le long de la façade des vieux entrepôts qu’il longeait …

La boite rebondit une dernière fois sur le ciment écaillé du vieux quai avant de basculer par-dessus le rebord et d’atterrir avec un Plouf sinistre dans l’eau froide et noire du port …
Il se tourna vers la voix féminine qui venait de lui poser une question, vers l’inconnue qu’il n’avait pas entendu arriver parce qu’elle portait des chaussures de jogging, il la reconnut tout de suite, parce qu’il l’avait déjà croisée à plusieurs reprises lors des inscriptions à la fac et qu’il avait une excellente mémoire en matière de jolies femmes.

Il la fixa un bref instant avant de lui répondre sur un ton glacial tout en la fixant de derrière ses petites lunettes teintées qui devaient masquer son regard :

« La même chose que toi en fait, elle m’a barré la route … »

Il porta lentement sa main vers le sac de papier Kraft qu’il portait et l’ouvrit avec une lenteur calculée en se disant qu’il allait lui foutre une trouille monstre si elle ne l’avait pas reconnu mais que ça lui rappelait trop une scène d’un film qu’il adorait …

Puis il tendit le sac vers elle en ajoutant :

« T’en veux un ? »

Du sac montait une délicieuse odeur de croissanterie Française … et un début de sourire adoucit soudain le visage de Jim.
Après tout, sa journée ne s’annonçait pas si mal.

Le sourire s’agrandit un peu plus sur le visage de Jim, le moins qu’on puisse dire c’est que Cléo était nature, enfin dans sa façon de parler.
Il habitait le district de Lombard Way, vraiment pas loin pas loin de là, alors c’est sur qu’il pouvait l’inviter chez lui, n’empêche, ça aurait fait dragueur des bacs à sable, et elle aurait sûrement refusé … il lança quand même pour la forme :

« C’est dommage, parce que le temps que tu prennes une douche, le café sera froid, si tu en veux un ? »

Il extirpa du sac un gobelet de café, il en avait pris deux, sans doute l’inspiration qu’il allait rencontrer quelqu’un ? A moins que ce ne fut simplement par flemme d’avoir à en faire lui même.
Il ajouta parce qu’il lui parlait quand même familièrement depuis qu’ils s’étaient rencontré et afin qu’elle puisse le situer :

« Au fait, moi c’est ADAMS, Jim ADAMS, et toi ? »

Il n’éprouva pas le besoin de lui rappeler qu’ils étaient à la même université, c’est sur qu’elle aurait pu l’avoir vu ailleurs que sur le campus, un journal de L.A. par exemple, ou même ailleurs …
Mais ça ne lui effleura pas l’esprit à ce moment là.

Le petit crachin se terminait presque, il n’avait rien nettoyé du port, de ses quais crades et n’avait fait que rendre les choses plus moites et plus humides qu’elles ne l’étaient déjà.
Comme il ne pleuvait plus que quelques gouttes fines, il désigna d’un geste de la tête le vieux môle ou il comptait s’asseoir et ajouta :

« Je comptais prendre mon petit déjeuner là ce matin, si ça te dit de me tenir compagnie ? »

Sa question le fit sourire, non, il était pas prof, déjà qu’il avait parfois eu du mal à être étudiant à « temps partiel », n’empêche ça le vexa un peu qu’elle le prenne pour un Prof, il faisait pas si vieux quand même ?

« Non non, en troisième année de sciences et techniques de l’audiovisuel … et toi ?
Sers toi donc, au fait … »

Il déplia le papier kraft qui contenait deux croissants, deux pains au chocolat et deux pains aux raisins puis prit un peu de temps pour l’observer tout en écoutant sa réponse, elle était très jolie, très à son goût et en plus de tout ça, elle avait une queue de cheval, ce qu’il adorait …
Il poussa un long soupir et laissa son regard revenir sur la mer, il ne pleuvait plus, le ciel s’éclaircissait, et un rayon de soleil finit même par percer le banc de brumes qui juste devant eux lui cachait la vue de son yacht.

Il ne pouvait pas deviner ses pensées et aurait éclaté de rire si elle les lui avait fait savoir, son univers à lui était fort différent, des parents à la limite hippie et qui en tout cas s’adonnaient sans complexe à tous les plaisirs de la vie, finissant même par en faire leur métier.
Lui-même se destinait plus ou moins à un destin similaire, il se voyait plutôt devant la caméra que derrière mais en tout cas pas dans un genre aussi conventionnel que celui dans lequel donnait la famille de Cléo.
Le cri d’une mouette l’interrompit dans sa rêverie et dans sa contemplation de l’océan .L’animal passa au dessus d’eux tenant entre son bec un poisson qu’il destinait sans doute à sa nichée.

« Au fait, tu es d’où … J’arrive pas à deviner » reprit Jim qui se rendit soudain compte qu’il en oubliait Cléo et qu'en plus de tout cela, il avait oublié d’ôter ses lunettes teintées. Et que tout ça réuni, ça ne faisait pas vraiment poli.
Il rectifia son oubli comme si de rien était avant de reporter son regard avec un sourire chaleureux sur la jeune femme.

Il lui rendit son sourire, même s’il n’appréciait pas forcement qu’on évoque ses origines et lui répondit :

« Américain oui, et aussi un peu Brésilien à ce qu’il parait … Ca doit être beau la Grèce … »

Il ne s’étendit pas trop sur sa nationalité, sa mère n’avait jamais vraiment pu lui confirmer grand-chose à ce sujet. Vu le peu qu’il savait de son père, et de la vie qu’elle menait à cette époque, il aurait même bien pu avoir des origines méxicaines ou chinoises ou …
De toute manière ça n’aurait rien changé à sa vie … alors, il valait mieux qu’il axe sa réponse sur le point qu’ils avaient en commun, l’université :

« Eh bien euh, il y a trois branches en fait, une qui s’occupe purement du côté technique, une qui se destine au journalisme, et une qui donne surtout dans le cinéma. Moi c’est vers celle là que je me dirige. On est presque dans des branches parallèles en fait.

Et toi, le journalisme, c’est grand, tu veux te spécialiser en quoi ? l’international ? les reportages ? la presse ou l’audiovisuel ? »

Il s’abstint de préciser qu’il en avait déjà rencontré pas mal des journalistes dans sa vie, il y avait eu ceux qui étaient venus interviewer Jochen Wolter de son vivant sur son travail, ses concepts, son mode de vie, son œuvre …
Et il y avait eu ceux auxquels il avait eu affaire lorsque Jochen avait disparu, ceux qui lui avaient posé des questions du genre : « Entreteniez vous une relation avec l’épouse de votre employeur ? L’avez-vous aider à le tuer et à faire disparaître le corps ? Consommez vous de la drogue ? … Est il vrai que vous avez des relations avec la Mafia … ? »

Ca ne lui rendait pas les journalistes vraiment sympathique, mais bon avec une jolie fille comme Cléo, il pouvait faire une exception tout en prenant garde à ce qu’il allait lui raconter.
Il se dit qu’il avait de la veine, il avait quand même eu sa photo diffusée au journal télévisé, mais bon c’est vrai que ça remontait à plusieurs mois …

Il avait aussi des sujets à réaliser pour la fac, Cléo pouvait devenir une alliée de choix, ça pouvait leur donner l’occasion d’un reportage en commun sur la ville ou sur tout autre chose.

Attendant sa réponse, il mordit avec appétit dans un pain aux raisins dont la saveur eclata délicieusement dans sa bouche, y’avait rien à dire, les Français s’y connaissaient en matière de nourriture et d’amour.
En écoutant d’une oreille distraite sa réponse sur ses ambitions professionnelles à elle, il se demanda comment les Grecques se débr uillaient au lit …

Il s’abstint de lui répondre que si un jour l’occasion s’en présentait, il serait ravi de faire la connaissance de sa maman. Si Cléo apprenait un jour qui il était vraiment et vers quelle branche cinématographique il se dirigeait, elle n’aurait qu’une possibilité, lui offrir une phalange de doigts en guise d’adieu. Une baffe à lui en retourner la tête. Il ignora donc pour l’instant sa remarque.
N’empêche, il fut sensible à l’ironie de la situation ….Mais ne put s’empêcher de remarquer :

« Tiens, ta mère aussi a fait du cinéma, elle a tourné dans quoi ? »

Confronté à sa dernière question, il se sentit un peu gêné d’avoir à lui répondre :

« Hum, et bien, j’habite sur le port en fait … »

Il était bien conscient que l’acquisition de son yacht n’était pas des plus honnêtes, même s’il s’agissait d’un legs, la provenance de l’objet était quand même un peu douteuse.
Tout aussi douteuse qu’avait pu l’être une partie de l’œuvre réalisée par ce pseudo artiste qu’était Jochen Wolter.

Il ne put pourtant s’empêcher de tourner son regard vers le ponton en face, où son yacht s’affichait entre une épave à demi coulée et une barge grue … Si elle le remarquait, il était fichu, elle allait lui demander de le visiter, non, en fait, il le lui proposerait, sinon ce ne serait pas poli.

Il lui tendit une nouvelle fois le sac de papier kraft à l’intérieur duquel les croissants se refroidissaient peu à peu, comme elle refusa d’un signe, il n’insista pas et trempa son croissant à lui dans son café … tout en réfléchissant à ce qu’elle lui avait dit : « … le tour du Monde, l’Afrique, l’Amazonie… »
Il n’avait jamais quitté les States mais n’aurait rien eu contre le fait de voyager un peu.

Pas dans un genre aussi altruiste que celui qu’évoquait Cléo, son ambition ne lui en laissait pas le temps, s’il réussissait dans le genre qu’il s’était fixé, peut être qu’il essaierait un jour de collecter des fonds pour une cause humanitaire, pour un de ces peuples qu’elle avait évoqué.

Mais pas dans le but de les rencontrer, ça non, juste parce qu’il pensait que pour tout le mal qu’un homme faisait sur terre, il fallait aussi qu’il compense en faisant un peu de bien, comme ça, ça remettait un peu d’équilibre dans les choses.
L’équilibre, ça faisait partie de la doctrine new-age vers laquelle ses parents s’étaient tournés après leur phase post-hippie, lui il y croyait pas trop, mais bon pourquoi pas après tout ?

Jim lui fut presque reconnaissant de s’arrêter de parler de leurs familles respectives. Avec les gens qu’il ne connaissait pas, ou bien qu’il connaissait à peine, en discuter l’obligeait parfois à de subtiles compromissions ainsi qu’à de toutes aussi délicates métaphores.

Il espéra juste qu’elle ne reviendrait pas sur le sujet et qu’elle ne lui demanderait pas s’il savait lui dans quels films sa mère à lui avait tourné. Boah, au pire, il s’en sortirait en lui expliquant qu’il y en avait eu plusieurs assez peu connus sauf par un public de connaisseurs avertis et en expliquant qu’ils appartenaient à la catégorie : « style art et essai »

Le bateau, ça au moins, c’était un sujet sans trop de risque, enfin, tant qu’on n’entrait pas dans le détail de la manière dont Jim en avait obtenu la propriété.

Il acquiesça et jugea bon d’expliquer :

« Ben, il ‘y a pas de taxes à payer, on peut bouger, oui, ça m’a semblé une bonne idée de venir l’ancrer ici, comme ça je peux suivre les cours et j’ai quand même ma liberté … »

Pour ça, de la liberté, il en avait Jim, vu la manière dont il suivait les cours, le problème venait plus de la façon dont il organisait son temps, ou plutôt de la manière dont il le gaspillait.

Bon, il n’allait pas se prendre la tête sur un diplôme de fin d’étude qu’il pensait acquis au vu de son expérience professionnelle et décida qu’il y avait mieux à faire, comme par exemple de profiter de cette matinée pour admirer la mer sur laquelle les bancs de brume se dissipaient à une vitesse stupéfiante.
Peut être même qu’il allait pouvoir sortir son bateau et aller pécher un peu … ou bien utiliser le matériel de plongée qu’il avait à bord.

Il tourna la tête vers le joli petit yacht blanc ancré juste à côté d’eux et réalisa soudain qu’il venait de se montrer indélicat envers Cléo en omettant de lui préciser que son logement se trouvait juste là ! Presque sous son nez. Il répara son oubli en tendant la main vers le quai en face d’eux et lui expliqua :

« Au fait, j’oubliais, il est là-bas ! Et nous y serions sans doute plus confortablement installés pour poursuivre cette discussion. Je t’invite à bord ? et je te le fais visiter ?? »
Jim se releva d’un bond souple et tendit la main pour aider Cléo à en faire de même.

Jim l’observa étonné par son érudition dans le domaine maritime :

« Un 52 Sedan, de chez Ocean Alexander, tu as entièrement raison … c’est bien ça. »

Il fit quelque pas, la raccompagnant vers l’extrémité du ponton, où ils se trouvaient. C’était la première fois qu’il rencontrait une femme qui s’y connaisse un tant soi peu en matière de bateaux, là il devait vraiment s’avouer bluffé.
D’autant que si on lui avait posé la question quelques minutes plus tôt, il aurait parié sans hésitation que cette Cléo n’y connaissait rien en matière de bateaux.

Une femme qui s’intéressait aux créations de chez Ocean Alexander, méritait qu’on s’intéresse à elle, alors sans trop réfléchir il lui proposa :

« Une heure ? ben tu vas être en retard de toute façon.
Je ne devrais sans doute pas te le proposer, mais tu n’es pas sans ignorer qu’il y a une douche à bord, si tu veux, tu peux l’utiliser.
Pour ce qui est de la possibilité de changer de vêtements, la précédente propriétaire a laissé à bord toute une garde robe, et comme elle ne viendra sans doute plus réclamer ses affaires, je crois que tu peux lui emprunter sans aucune hésitation l’une ou l’autre de ses tenues.
Ca te laissera le temps de visiter le bâtiment, et si tu veux être à l’heure à ton cours, et bien, ce ne sera pas un souci de te raccompagner en moto. »

Jim regretta tout de suite sa proposition, et se demanda pourquoi il se montrait aussi gentil envers cette Cléo.
C’est sur, qu'elle était mignonne, mais même la courte discussion qu’ils venaient d’avoir lui avait suffi pour réaliser qu’il ne pourrait jamais rien y avoir de bien sérieux entre elle et lui.
Cléo avait tout d'une petite étudiante bien gentille, bien sérieuse, et sans doute dix fois trop sage pour un Jim Adams.

Et cette impulsion stupide, il l'avait eue juste parce qu'elle avait été capable de dire la marque de son bateau, il se sentait complètement idiot maintenant ...

Ah oui, vraiment, il aurait du se contenter de la laisser rentrer chez elle en courant et d’arriver en retard à son cours, après tout, ce n’était vraiment pas son problème à lui.

D’autant que depuis sa petite aventure en mer, il avait lui-même plein de choses à faire … la location d’un entrepôt, l’achat de meubles, la création d’une société, tout ça allait lui prendre un temps fou.

Il se demanda quelle réaction elle aurait si elle apprenait un jour vers quel domaine d’activité il se dirigeait. Il était probable qu'elle se déclarerait probablement déçue et insisterait pour qu’ils ne se revoient plus.
Ce qui ne serait pas vraiment un problème, des amis comme elle, il n’en avait pas vraiment besoin ...

Il se retourna d’un air nonchalant pour écouter sa réponse, il venait de décider que quoiqu’elle lui réponde, cela n'aurait pas vraiment d'importance ....

(moi aussi, j'ai été long, mais je suis content, je crois avoir bien rendu les qualités qui font parfois de Jim un type vraiment sympa à fréquenter).

Jim eut un sourire amer en la voyant s’éloigner, dommage, elle était très mignonne, et semblait de plus sortir d’un milieu aisé, toutes choses qui pouvaient passer pour d’indispensables qualités aux yeux de Jim pour qui se faire des relations n’était pas le moindre des soucis. Après tout, fréquenter de jolies filles et agrandir son carnet d’adresse, cela pouvait toujours être utile.

Il se demanda si elle avait eu peur qu’il lui sorte un plan drague pourri une fois montée à bord, ou bien si elle avait deviné que malgré son yacht, ils n’appartenaient pas au même monde ?

Non, cela ne devait pas être ça puisque sa manière de lui dire au revoir avait été plutôt amicale.

Elle avait l’air sage, timide peut être ?

Non, ce n’’était pas tout à fait ça non plus. Il aurait plutôt dit qu’elle faisait preuve d’une sorte de réserve ou de retenue à laquelle il n’avait jamais été habitué.

C’était marrant de songer qu’elle venait de lui filer rendez vous par un moyen détourné et en évitant de lui filer son numéro de téléphone.

C’était la première fois qu’une fille lui faisait ce genre de coup.

D’habitude, il repartait avec un numéro de téléphone, ça lui semblait un minimum, et parfois même, il parvenait à être plus expéditif encore.
Oui Jim se savait mignon, et n’avait pas le moindre doute sur ses capacités de séduction.

Encore que là, Cléo venait de le contrer de belle manière, il passa en revue tout ce qu’il avait pu faire ou dire. Non, il n’avait pas commis d’erreur, il avait été aussi bon que d’habitude.

Et malgré la récente rupture sentimentale qui l’avait quand même bien touché, il se prenait à juste titre toujours autant pour un tombeur
Alors, une fille riche et mignonne qui lui résistait ? ça l’étonnait un peu quand même.

En bref, il devait bien se l’avouer, « Cleo » avait piqué sa curiosité et aussi son orgueil de male.

Il n’y avait aucun doute, il faudrait qu’il passe la voir un jour dans sa boutique, un bar-glacier ?

Il se dit qu’elle aurait sans doute pu trouver mieux comme emploi, enfin mieux rémunéré disons.

C’était marrant, ça contredisait sa théorie sur le fait que Cléo puisse avoir des parents vraiment riches, à moins qu’elle n’ait décidé de s’auto financer ses études ?

Chose qui dans ce cas leur faisait un point commun, sauf que lui, Jim, il ne se voyait vraiment pas bosser comme serveur pour financer le peu de temps qu’il passait à l’université.
S’il devait travailler, il fallait au moins que ça rapporte bien et que ça ne soit pas trop pénible.

Bref cette Cléo se révélait pleine de contradictions, et surtout des plus discrètes.

Enfin, non peut être pas tant que ça puisqu’elle lui avait confié son intérêt pour les bateaux et la mécanique, s’il la revoyait, Jim parviendrait peut être à l’inviter pour une seconde visite de son bateau.

Et avec un peu de chance, et pour peu que la mer soit bonne et qu’il fasse beau temps, il parviendrait peut être à conclure dès son second rendez vous avec elle.

Oui, ce pourrait être intéressant à tenter, une sorte de défi qu’il pourrait se lancer à lui-même. Après tout, il était lassé des filles trop faciles, c’était peut être pour ça qu’il ne s’était plus vraiment mis en chasse depuis le départ de Laétitia, en tout cas, ce pouvait être une bonne raison pour expliquer le sentiment de déprime qui l’envahissait parfois...

Aussi, lorsqu’il eut achevé cette introspection, et comme on ne lui avait jamais expliqué que les solutions les plus simples et les réponses toutes faites n’apportent pas toujours la bonne solution à un problème, ce fut avec l’esprit rassuré sur ses propres capacités à plaire et sur le bon temps qu’il passerait bientôt en compagnie de « Cléo » qu’il se leva d’un bond souple et partit d’un pas alerte en direction de son yacht.